1/ Qu’est-ce que le rapport RTE ?
RTE (Réseau Transport Electricité) est le gestionnaire du réseau de transport d’électricité français.
Ses missions sont :
- D’assurer une mission de service public pour que l’électricité soit toujours disponible
- D’adapter le réseau pour rendre la transition énergétique possible
- D’éclairer la décision des pouvoirs publics sur les questions énergétiques
En 2020, le gouvernement a demandé à RTE d’établir un rapport sur le futur énergétique de la France visant à atteindre la neutralité carbone en 2050. Ce document, appelé « Futurs énergétiques 2050 » a été publié le 16 février 2022
Il présente plusieurs options d’évolution du système électrique français
2/ Les 3 grands postes du rapport RTE
Baisse globale de la consommation d’énergie
Il sera nécessaire de baisser de -40% la consommation globale d’énergie d’ici 2050. Pour cela, plusieurs leviers devront être activés :
- Sobriété et efficacité énergétique dans tous les domaines (bâtiments, industries, transports)
- Economies d’énergie (rénovation énergétique des bâtiments)
Augmentation de la consommation électrique
Actuellement, les énergies fossiles (gaz, pétrole, charbon) représentent 63% de la consommation d’énergie finale en France (91% dans le secteur des transports). Il va être nécessaire de remplacer ces énergies par de l’électricité, impliquant donc forcément une forte hausse de la consommation électrique.
Cette hausse est estimée suivant les différents scenarios entre + 15% (en cas de gros efforts de sobriété et de faible ré-industrialisation de la France) à + 60% (en cas de ré-industrialisation forte)
Développement massif des énergies renouvelables
Quel que soit le scenario choisi, le nucléaire ne suffira pas à répondre aux besoins électriques de la France (mise à l’arrêt prochaines des réacteurs existants, durée de construction longue des nouveaux réacteurs ne parvenant pas à répondre à la demande en 2035 et pas plus en 2050 du fait de la trop forte augmentation de la demande en électricité).
Tous les scenarios conduisent donc à une part majoritaire des renouvelables dans le mix électrique à l’horizon 2050. Il sera indispensable de développer :
- L’éolien en mer (1,5 GW à 2 GW par an)
- L’éolien terrestre (pour atteindre entre 43 et 72 GW en 2050)
- Le photovoltaïque (multiplication par 7 à 12 des capacités)
3/ Les différents scenarios
Tout d’abord, il faut noter qu’à chaque scenario sont adossés 3 trajectoires de consommation : trajectoire de référence, sobriété et ré-industrialisation profonde.
Le rapport propose 6 scenarios :
M0 : Mix électrique reposant à 100% sur les énergies renouvelables
Le rythme de production des énergies renouvelables (photovoltaïque, éolien en mer et terrestre) poussé à son maximum, sortie effective du nucléaire en 2050
Photovoltaïque : 208 GW (x 21)
Eolien terrestre : 74 GW (x 4)
Eolien en mer : 62 GW
Nucléaire : 0 GW
Flexibilité de la demande : 15 GW
Véhicle-to-grid : 1,7 GW
Nouveau thermique décarboné : 29 GW
Batteries : 26 GW
M1 : Energies renouvelables réparties de manière diffuse sur le territoire
Développement très important des énergies renouvelables, en particulier du photovoltaïque
Photovoltaïque : 214 GW (x 22)
Eolien terrestre : 59 GW (x 3,5)
Eolien en mer : 45 GW
Nucléaire historique : 16 GW
Nouveau nucléaire : 0 GW
Flexibilité de la demande : 17 GW
Véhicle-to-grid : 1,7 GW
Nouveau thermique décarboné : 20 GW
Batteries : 21 GW
M23 : Développement des énergies renouvelables centralisé autour de grands parcs
Développement très important des énergies renouvelables, en particulier de grands parcs éoliens en mer et terrestre
Photovoltaïque : 125 GW (x 12)
Eolien terrestre : 72 GW (x4)
Eolien en mer : 60 GW
Nucléaire historique : 16 GW
Nouveau nucléaire : 0 GW
Flexibilité de la demande : 15 GW
Véhicle-to-grid : 1,7 GW
Nouveau thermique décarboné : 20 GW
Batteries : 13 GW
N1 : Relance de la filière nucléaire et trajectoire industrielle basse
Construction de nouveau réacteurs développés par paire sur des sites existants tous les 5 ans à partir de 2035. Développement en parallèle des énergies renouvelables pour compenser le déclassement des anciens réacteurs
Photovoltaïque : 118 GW (x 11)
Eolien terrestre : 58 GW (x3,3)
Eolien en mer : 45 GW
Nucléaire historique : 16 GW
Nouveau nucléaire : 13 GW (soit 8 EPR)
Flexibilité de la demande : 15 GW
Véhicle-to-grid : 1,7 GW
Nouveau thermique décarboné : 11 GW
Batteries : 9 GW
N2 : Relance affirmée de la filière nucléaire et trajectoire industrielle haute
Lancement d’un programme plus rapide de construction de nouveaux réacteurs (une paire tous les 3 ans) à partir de 2035. Développement en parallèle des énergies renouvelables mais moins rapide que dans les précédents scenarios
Photovoltaïque : 90 GW (x 8,5)
Eolien terrestre : 52 GW (x 2,9)
Eolien en mer : 36 GW
Nucléaire historique : 16 GW
Nouveau nucléaire : 23 GW (soit 14 EPR)
Flexibilité de la demande : 15 GW
Véhicle-to-grid : 1,7 GW
Nouveau thermique décarboné : 5 GW
Batteries : 2 GW
N03 : Mix 50% nucléaire et 50% renouvelables
Ce scenario tient compte d’une trajectoire industrielle maximale. Il faudra exploiter au maximum le nucléaire existant et construire beaucoup de nouveaux réacteurs. Développement en parallèle des énergies renouvelables.
Photovoltaïque : 70 GW (x 7)
Eolien terrestre : 43 GW (x 2,5)
Eolien en mer : 22 GW
Nucléaire historique : 24 GW
Nouveau nucléaire : 27 GW (soit 14 EPR + quelques SMR)
Flexibilité de la demande : 13 GW
Véhicle-to-grid : 1,7 GW
Nouveau thermique décarboné : 0 GW
Batteries : 1 GW
4/ Le photovoltaïque dans les différents scenarios
Comme l’indiquent les différents scenarios, les capacités de solaire photovoltaique devront donc être multipliés par 7 au minimum (dans le scenario N03 de relance maximale de la filière nucléaire) et par 22 au maximum (dans le scenario M1 qui ne comprend pas de nucléaire).
Pour atteindre ces objectifs, il est nécessaire d’installer (hors renouvellement des installations)
Dans le scenario N03 : 2 GW de photovoltaïque par an, contre moins de 1 GW par an observé en moyenne ces dernières années,
Dans le scenario M1 : En moyenne 2,5 GW de panneaux photovoltaïques par an dès les prochaines années, puis près de 9 GW par an sur la période 2030-2050, contre moins de 1 GW par an observé en moyenne ces dernières années.
5/ Comment répondre aux objectifs ?
Les parcs photovoltaïques au sol, très consommateurs d’espace, ne seront pas privilégiés car l’agriculture a besoin de surfaces cultivables. Ce sont les installations en toiture et l’agrivoltaïsme qui seront favorisés.
Actuellement, la production photovoltaïque couvre entre 2 et 3% de la consommation électrique. Sachant que cette dernière va quel que soit le scenario augmenter fortement, il est indispensable d’installer et de raccorder massivement des installations solaires sans perdre de temps.
Dans ce chantier colossal, chacun peut et doit prendre sa part en installant sur sa toiture (ou sur la toiture de son immeuble) des panneaux solaires.
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